DE LA FIN DE L’ÉTÉ À L’AUTOMNE : la migration

Le 11 septembre 2024 , publié dans Cycle de vie d'un oiseau

UN AN DANS LA VIE D’UN OISEAU

Chaque année voit se redessiner les grandes lignes d’un récit jalonné d’événements successifs, plus ou moins communs à toutes les espèces d’oiseaux : migration, formation des couples, reproduction, élevage et envol des oisillons, mue, hivernage… Nous vous proposons de découvrir ici, mois après mois, les diverses étapes du cycle annuel des oiseaux de la Réserve !

 

 

Comment les oiseaux migrateurs
trouvent-ils leur chemin ?

 

Les oiseaux parcourent chaque année des distances spectaculaires pour rejoindre leurs aires de reproduction puis leurs sites d’hivernage. De jour comme de nuit, par beau ou mauvais temps, comment parviennent-ils à trouver leur chemin et maintenir le cap vers leurs destinations ? Si la recherche apporte aujourd’hui une meilleure compréhension des mécanismes qui les guident, l’incroyable précision de leurs trajectoires conserve encore quelques mystères.

On sait aujourd’hui que les oiseaux possèdent un programme de migration génétique spécifique, qui varie non seulement d’une espèce à l’autre, mais aussi entre les différentes populations d’une même espèce. C’est ce programme, façonné par la sélection naturelle, qui détermine la direction que les oiseaux doivent suivre lors de leurs voyages. Ils sont guidés tout au long du parcours par une combinaison de repères propres à chaque population :


Naviguer grâce au soleil et aux étoiles

La découverte du rôle du soleil et des étoiles dans l’orientation des oiseaux remonte aux années 1950, avec les recherches de Gustav Kramer. En utilisant un dispositif de miroirs, Kramer a montré que les oiseaux ajustent leur vol en fonction de la position apparente du soleil. Mais le soleil se déplaçant sous la voûte céleste en fonction de l’heure, comment les oiseaux font-ils pour faire correspondre la direction qu’ils souhaitent suivre avec la position des astres ? Comment intègrent-ils ces informations pour naviguer avec précision ? 

Les recherches suggèrent qu’une horloge interne leur permet de compenser le déplacement du soleil dans le ciel, pour interpréter correctement la direction à suivre en fonction de la position de l’astre au fil de la journée.

Cette sensibilité aux astres a été confirmée par des observations nocturnes : des oiseaux pouvant suivre une direction spécifique sous un ciel étoilé ont perdu leur orientation lors d’une nuit nuageuse. Comme le soleil durant la journée, le ciel étoilé – et surtout l’étoile Polaire – sert de guide durant la nuit.

 



Grues cendrées ©Jacques GILLON

 


Utiliser le champ magnétique terrestre

Une aptitude exceptionnelle permet aux oiseaux de percevoir le champ magnétique terrestre et de l’utiliser à la manière d’une boussole naturelle : la magnétoréception. Ils perçoivent des lignes magnétiques invisibles à l’œil humain. Confirmée par des expériences en laboratoire (des oiseaux en cage ont réagi aux champs magnétiques artificiellement créés par des bobines magnétiques), cette faculté leur est essentielle, notamment lors des migrations nocturnes, lorsque les repères visuels comme le soleil ou les étoiles sont absents ou que les conditions météorologiques sont mauvaises.

Selon les chercheurs, les organes sensoriels responsables de cette orientation magnétique se trouvent dans l’œil droit ou dans la partie supérieure du bec des oiseaux. Des scientifiques ont notamment identifié une protéine, appelée Cryptochrome 4, dans la rétine de Rougegorges familiers (Erithacus rubecula). C’est cette protéine qui lui permettrait de détecter les variations du champ magnétique et de se diriger avec précision lors de ses voyages entre l’Europe et l’Afrique.

Cette capacité à s’orienter grâce au champ magnétique a également été observée chez les pigeons. Leur aptitude à retrouver leur nid (homing) est fortement perturbée si un aimant est fixé sur leur queue.

 

 
Rougegorge familier ©Marion Dal Bello

 

 

Des repères géographiques et olfactifs

En complément de leur perception du champ magnétique, les oiseaux peuvent s’appuyer pour naviguer sur des repères géographiques. Le Bassin d’Arcachon, de par la cassure visuelle qu’il crée sur la ligne de côte, constitue par exemple un repère certain pour beaucoup d’oiseaux. En migration, des oiseaux tels que la Cigogne blanche s’appuient sur des repères géographiques tels que les rivières ou les chaînes de montagnes pour se diriger vers l’Afrique.

Les oiseaux ont une vue exceptionnelle, ils savent détecter les rayons ultraviolets et reconnaître des motifs subtils dans leur environnement. Le Faucon pèlerin serait par exemple capable de repérer un objet de 2 mm alors qu’il vole à 18 mètres de hauteur ! 

En plus des repères visuels, des études menées sur le Pigeon voyageur ont montré que les odeurs transportées par le vent pouvaient jouer un rôle de repères olfactifs pour l’oiseau, qui est alors capable de mémoriser de véritables “cartes odorantes”. Les pigeons voyageurs peuvent utiliser leur sens de l’odorat pour détecter à des centaines de kilomètres les odeurs spécifiques qui les guident vers leur nid.

 


Cigognes blanches ©Jacques GILLON

 

 

La mémoire et l’apprentissage

La mémoire joue aussi un rôle essentiel dans l’orientation des oiseaux migrateurs. De nombreuses espèces, comme les Oies ou les Grues, apprennent dès leur jeune âge les routes migratoires spécifiques en suivant des adultes expérimentés. Ces itinéraires, souvent millénaires, sont transmis de génération en génération. Cette mémoire leur permet de naviguer efficacement, d’éviter les dangers, et de trouver des zones de repos et de nourriture. Elle réduit les risques pour les jeunes et renforce la cohésion familiale, souvent maintenue par des cris constants de jour comme de nuit.

Une expérience menée par Perdeck dans les années 50 s’est penchée sur le comportement des Étourneaux sansonnets. Capturés durant leur migration postnuptiale à La Haye et relâchés en Suisse, les jeunes Étourneaux ont continué dans la même direction, tandis que les adultes ont ajusté leur trajectoire pour retrouver leur chemin habituel. Alors que les adultes peuvent utiliser leur expérience pour corriger d’éventuelles erreurs de parcours, les jeunes doivent apprendre à s’orienter dans la bonne direction.

En somme, c’est la mémoire collective et l’expérience des oiseaux adultes qui assurent dans ce cas le succès des migrations. Ces mécanismes permettent non seulement d’apprendre et de transmettre des itinéraires migratoires complexes, mais aussi d’optimiser les déplacements en fonction des connaissances accumulées au fil des générations.

 


Oies cendrées ©Jacques GILLON

 

 


POUR ALLER PLUS LOIN

Sciences&Avenir – Comment les oiseaux migrateurs se dirigent-ils ? Où en sont les recherches ?

MaxiSciences – Les cryptochromes : des protéines au niveau de la rétine des oiseaux

Pour la Science – La navigation quantique des oiseaux migrateurs

LeBlob – Vidéo – Une boussole quantique dans l’œil du rouge-gorge

Ornithomedia – Le rôle de l’odorat dans l’orientation de certains oiseaux

Salamandre.org – Comment les jeunes oiseaux migrateurs trouvent-ils leur chemin ?

Migration.net – S’orienter ne suffit pas

LPO – Vol de Nuit : un programme de sciences participatives pour étudier la migration nocturne des oiseaux via une méthode de suivi acoustique standardisée.

 

ET AUSSI : 
Rendez-vous le 6 octobre pour une matinée d’observation des oiseaux migrateurs dans la Réserve Ornithologique du Teich !
Informations et inscriptions : Journées Européennes de la Migration

Pour vous former à l’identification des oiseaux migrateurs et hivernants,
rapprochez-vous des naturalistes de la Maison de la Nature du Bassin d’Arcachon :
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