Le 12 février 2024 , publié dans Actualités ornithologiques Cycle de vie d'un oiseau
UN AN DANS LA VIE D’UN OISEAU
Chaque année voit se redessiner les grandes lignes d’un récit jalonné d’événements successifs, plus ou moins communs à toutes les espèces d’oiseaux : migration, formation des couples, reproduction, élevage et envol des oisillons, mue, hivernage…
Nous vous proposons de découvrir ici, mois après mois, les diverses étapes du cycle annuel des oiseaux de la Réserve !
❄️🌱 LA FIN DE L’HIVER
Migration prénuptiale
Fin décembre, le solstice d’hiver donne une information capitale pour les oiseaux : les jours commencent à rallonger, il sera bientôt temps de regagner les aires de reproduction. Des milliers d’oiseaux commencent alors à préparer le voyage qui les ramènera sur les terres où ils sont nés, dans les régions où ils pourront à leur tour donner la vie. Tout déplacement ayant un coût énergétique, les oiseaux anticipent le départ : ils stockent avant de partir la graisse qui deviendra leur carburant. Dans les semaines qui précèdent le premier trajet, la masse corporelle de certaines espèces va jusqu’à doubler de volume (Phragmite des joncs, Bécasseau maubèche, nombreux Anatidés…) !
Quittant des aires d’hivernage plus ou moins éloignées de leur destination, les oiseaux empruntent avec l’arrivée du printemps des routes migratoires pouvant aller de quelques dizaines de kilomètres à la traversée de plusieurs de pays, de mers ou d’océans. Un périple non sans danger, motivé par la promesse à l’arrivée d’une nourriture suffisante pour la survie des futures nichées.
Guidés la nuit par les étoiles ou par la lune, le jour par le soleil, les traits de côtes, les reliefs ou la forme des cours d’eau, les oiseaux savent s’orienter de diverses manières, aidés pour certains par les vents ou le champ magnétique terrestre. Ils entreprennent ainsi un voyage entrecoupé de haltes sur des zones où il leur est possible de refaire le plein d’énergie, des aires de repos et d’alimentation à l’image de la Réserve Ornithologique.
Pour des informations détaillées sur les suivis et stratégies de migration des différentes espèces, faites un tour sur la base de donnée Migraction.net : 👉 migraction.net
📖 A LIRE
Un rapport inédit publié le 12 février 2024 par les Nations Unis fait état du risque d’extinction de nombreuses espèces animales migratrices à l’échelle mondiale. La majorité sont des oiseaux :
👉 https://bit.ly/48fROC2
Vol de Barges à queue noire – Jacques Gillon
POUR ALLER PLUS LOIN :
La migration est un aller-retour périodique entre une zone de reproduction et une zone d’hivernage. Deux périodes sont à distinguer :
– La migration prénuptiale (« avant les noces ») ou migration de « printemps » ou encore « de remontée », qui s’étire de fin janvier (Oie cendrée, Canard Pilet,…) à début juin. C’est la migration de retour vers les zones de nidification.
– La migration postnuptiale (« après les noces ») ou migration « d’automne » ou encore « de descente », qui débute en juin pour s’épuiser en décembre. C’est un voyage vers les sites d’hivernage.
Dans la Réserve :
👉 Cycle de vie et peuplement des Oiseaux de la Réserve Ornithologique du Teich
👉 Calendrier des Oiseaux de la Réserve Ornithologique du Teich
QUELQUES NOTIONS :
Migration longue-distance
Les oiseaux hivernant au sud du Sahara commencent à regagner l’Europe dès la fin du mois de février, lorsqu’apparaissent les premiers insectes du printemps. Sarcelles d’été et Hirondelles seront suivies, plus tard dans la saison, par le Loriot d’Europe, la Rousserolle effarvatte ou l’Hypolaïs polyglotte.
Migration courte ou moyenne distance
Certaines espèces parcourent des distances moins impressionnantes et n’ont parfois pas besoin de traverser mer ou océan. C’est le cas du Rougegorge familier, du Rougequeue noir ou de la Fauvette à tête noire qui trouvent assez de nourriture dans le sud de l’Europe ou le Nord de l’Afrique.
Migrateurs partiels
Certaines espèces donnent l’impression d’être présentes toute l’année … mais ne le sont pas ! Il arrive qu’une partie seulement des individus d’une population effectue une migration, ou que les populations du sud viennent remplacer celle du nord (cf. migration courte ou moyenne distance).
Migration rampante
On nomme migration rampante le fait de se déplacer par courtes étapes. Pour les petits passereaux, il s’agit par exemple de migrer d’arbre en arbre. Ces oiseaux font moins de réserves de nourriture mais s’alimentent plus souvent. De la même manière, certains oiseaux de mer peuvent couvrir de longues distances en effectuant de courtes parties du trajet à la nage.
Migration altitudinale
Si pour beaucoup d’oiseaux la migration se fait sur l’axe horizontal Nord-Sud, il n’en est rien pour certaines espèces d’oiseaux de montagne : il s’agit pour eux d’échapper au gel et à la neige des sommets en allant s’alimenter plus bas, parfois loin dans les plaines. En France, le Bruant fou, le Pipit spioncelle, le Tichodrome échelette ou encore l’Accenteur alpin sont des adeptes du phénomène.
Migration différée
Chez certaines espèces, comme la Bondrée apivore, les jeunes oiseaux peuvent choisir de rester sur leur zone d’hivernage après le premier hiver, ils y passent un à deux ans avant de prendre le chemin du retour vers leur aire de reproduction. Si le voyage retour se fait de façon progressive (l’oiseau atteint sa maturité sexuelle au fil du trajet), on parle de “migration graduée.”
⚠️ Ne pas confondre migration et … :
Irruption / Invasion
Il arrive, lorsque la nourriture se fait trop rare, que des populations d’oiseaux se déplacent hors de leurs habitats habituels. Appelé « irruption » ce mouvement n’est pas un phénomène migratoire mais peut conduire à des observations tout à fait extraordinaires.
Erratisme
Les oiseaux peuvent aussi se déplacer sans destination déterminée, il arrive à certains individus de partir dans diverses directions, avec ou sans intention de retour, à la recherche de nourriture ou pour explorer de nouveaux territoires.
La suite au mois de mars, avec l’arrivée du printemps ! 😉